Eagles of Death Metal - Peace Love Death Metal

Publié le par Simon

2004
AntAcidAudio

peacelovedeathmetal.jpgBon il est temps pour moi de l'avouer définitivement: je suis un groupie de Josh Homme. Pas un "fan", ça ne rend pas assez fortement la réalité. Je suis définitivement un groupie. J'achète les albums de Queens Of The Stone Age à 10h05 le jour où ils sortent, je les ai vu en concert sur deux continents et je collectionne les albums où il a collaboré. Malheureusement pour moi cette collection risque de me prendre un peu de temps et d'argent car le bonhomme a une carrière sacrément fournie. Si je fais cet  aveux c'est que je constate d'une manière très mathématique que pour ma dixième critique d'album, c'est déjà le troisième projet de Homme que je chronique. Il y avait déjà eu Kyuss et Queens Of The Stone Age, et cette fois je m'attaque aux aigles du métal de la mort. Au fait, où va-t-il pêcher des noms comme ça?

L'histoire des EoDM est plus celle de Jesse Hughes que de Homme. Une histoire digne d'une comédie romantique d'Hollywood, sauf qu'à Hollywood les héros ne font pas de cure d'amaigrissement au speed. A l'origine Jesse est en effet un bon citoyen, 120 kilos sur la balance, barbe comprise. Il est journaliste politique, et quand on connaît ses opinions (celles d'un membre de la NRA) on se dit qu'il a bien fait de changer de carrière. Comme tout bon citoyen il a une femme qui le trompe, en l'occurence il la découvre au lit avec sa meilleure amie. Il décide alors de tout plaquer, commence son régime weightwatcher et écrit au passage quelques chansons. Lorsque son ami d'enfance entend les démos, il se met en tête d'en faire un album. C'est là que ça aide d'avoir pour ami Josh Homme (Hugues nous confie même entre deux pistes "I'm so lucky I'm playing with this drummer right now!"). En effet tout le monde n'a pas la chance d'avoir à ses côtés le frontman des Queens Of The Stone Age. Enfin à l'époque il ne l'était pas encore tout à fait puisque les premiers enregistrements d'Eagles Of Death Metal sortent en 1998 sous la forme de 3 morceaux sur les Desert Sessions III & IV. Il faudra attendre 2003 pour l'enregistrement de Peace Love Death Metal, produit par Josh.

Le rôle de Josh est d'ailleurs finalement minime. Il se cache pour l'occasion sous le pseudonyme de Carlo Von Sexron et se contente, derrière les fûts, de jouer des lignes de batterie énergiques mais très simplistes. Pour tout dire celles-ci sont dignes d'AC/DC, mais le beat est nettement accéléré. Ce qui vaut pour la batterie vaut pour le reste: le maître mot est spontanéité. Du Rock 'n Roll simple et direct, comme en a oublié la recette depuis que Little Richard a disparu (non il n'est pas mort!). En fait le riff de "I Only Want You" est le plus simple de toute l'histoire du rock. En comparaison celui de "Louie Louie" tient du prog rock! Et pourtant ça suffit, car même avec seulement deux accords, la guitare de Hugues réussit à groover magnifiquement. Un seul but, nous faire taper du pied, et ça marche. Les Eagles reprennent le rock garage là où on l'avait laissé: avant que Pink Floyd et 13th Floor Elevator ne s'en emparent pour créer le rock psychédélique, avant que les Stooges le brutalisent pour en faire le punk, avant que les Stones le vendent par palettes entières... Et comme un bon groupe de garage, ils transcendent leurs limites pour en faires des forces. Ils n'ont pas réussit à trouver de bassiste? Qu'à celà ne tienne, c'est juste une bonne raison pour placer encore plus d'énergie dans le jeu de guitare! Vraiment l'absence de basse ne se fait pas du tout ressentir, contrairement aux Kills ou aux White Stripes. Finalement on pourrait croire que ce duo garage s'inscrit tout à fait dans la lignée des deux groupes que je viens de citer, et qui ont sorti leurs albums phares (respectivement "Keep On Your Mean Side" et "Elephant") en 2003. Sauf que chez EoDM, seul l'énergie compte, pas la composition. Tout est prétexte au délire rock 'n roll: le glamour qui caractérise Kills et White Stripes est ici tourné en dérision. Jesse s'autoproclame rockstar la plus sexy de l'univers dans ses concerts (et visiblement ça marche, tout le monde y croit!).

Plus on est de fous, plus on rit, le disque contient donc quelques invités. Nick Oliveri (Kyuss, Queens Of The Stone Age, Mondo Generator...) tient la basse sur deux morceaux. On retrouve aussi Alain Johannes, Natasha Schneider, Brody Dalle (ex-Distiller, future Spinerette) bref toute la bande de musiciens qui gravitent autour de Homme entre les jams des Desert Sessions et les line-ups toujours changeants des Queens.

Concernant les morceaux, on ne se contente pas des supers boogies évoqués plus haut. Pour varier un peu on a le droit à des ballades acoustiques, très semblables aux morceaux qui se trouvaient sur les Desert Sessions de 1998. Jesse a quand même troqué les grognements de l'époque pour un vrai chant, sexy à outrance. Ces chansons sont parfois très minimalistes à l'instar de "Midnight Creeper". On trouve aussi une reprise de "Stuck In The Middle With You" des Stealers Wheel (que vous avez surement entendu dans la B.O. du film Reservoir Dogs) qui sacrifie un peu la finesse du mix de l'original pour lui insuffler un peu plus d'énergie. Le morceau est au passage ré-intitulé "Stuck In The Metal". "Already Died" constitue une parenthèse sombre et terrifiante, qui pourrait trouver sa place sur un album des Queens. "Miss Alissa" conclût l'album, un pur boogie très speed qui va vous laisser avec une furieuse envie de danser. Les paroles sont raisonnablement variées, ce qui ne sera malheureusement le cas pour l'album suivant. J'ai une préférence pour "San Berdoo Sunburn" qui raconte un road trip vers San Bernardino: "I've got the south in my veins but California on my mouth" "Yes we're freak but they can't touch us out west in San Bernardino".

La production est elle aussi très garage, dans le sens on peut arriver au même résultat dans son garage. Certains trouveront ça génant, mais au contraire, puisque que ça n'empêche pas l'énergie de passer, ça n'a rien d'un inconvénient. Le deuxième album, au son beaucoup plus propre, a perdu un peu en spontanéité, même s'il reste excellent. Mais dans notre époque numérique, où les productions lisses et nettes sont devenues la norme, il y a donc des grognons qui ne savent pas savourer cette petite touche d'amateurisme et d'innocence que je trouve très rafraichissante.

Bref un concept basique mais très sympathique, et une musique qui n'a heureusement pas plus à voir avec celle d'Eagles qu'avec le Death Metal. Comme tout ça est finalement très visuel, je vous laisse avec le clip de "I Only Want You". Rien de très fin mais ça résume bien le propos.

Publié dans Albums

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