Little Miss Sunshine

Publié le par Simon

2006
Jonathan Dayton & Valerie Faris

Personne n'a besoin que je dise du bien de ce film, "Little Miss Sunshine". La critique a été unanimement bonne et le buzz raisonnablement important. Et c'était amplement mérité. Pourtant à la base il s'agit "juste" d'un road movie. Et il s'agit là d'un style relativement éculé, dont les principes sont simples mais vus cent fois. Il s'agit emmener un groupe de personnages d'un point A à un point B, la raison du voyage important peu. Les voyageurs, par la cohabitation et les expériences du voyages, apprennent une leçon sur la vie et sur eux-même. On a donc toujours droit à la métaphore du voyage initiatique. Le genre est donc très strict et comportent des scènes quasi-obligatoires. Ecrire un road movie est donc un exercice d'une simplicité redoutable. Redoutable parce qu'il va être difficile d'éviter les clichés et de raconter quelque chose de nouveau. Il est toujours possible de modifier radicalement la structure du voyage pour emmener celui-ci une fin tragique quoique prévisible : c'est le cas de "Thelma et Louise" ou de "Vanishing Point". Mais "Little Miss Sunshine" ne cherche pas à innover, loin de là. En fait si on y réfléchit objectivement le film est une sacrée accumulation de lieux communs. C'est quasiment le cas d'école du road movie: même pas une situation un tantinet originale comme celles qui constituent les trames de "Rain Man" ou "Transamerica".

La qualité du film dépend donc tout entière des personnages et de la réalisation. Concernant celle-ci, rien à redire: la photographie est excellente, et évite raisonnablement les plans les plus usés du road movie. Au contraire la caméra est plutôt fixe et les cadrages les plus mémorables sont ceux où le bus Volkswagen est arrêté ou quand il repart. Le plan est large et le bus vu exactement de côté. Ces plans sont un peu la signature du film, à tel point que même l'affiche le montre. Cela illustre bien que ce qui compte avant tout, c'est le bus et surtout ses occupants, et non la destination.

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Les personnages donc. Dès les premières images, les réalisateurs réussissent à les rendre attachants. Pourtant là encore rien d'innovant. Une famille hétéroclite et désunie, où sont représentés tous les âges de la vie. En fait les six personnages semblent si différents qu'on croirait un panel représentatif. Tous ont leurs particularités et des personnalités fortes, sauf peut-être le personnage de la mère (Toni Collette) qui incarne sans doute la stabilité au milieu de cette clique. Il s'agit donc d'une galerie de personnages plus ou moins originaux, interprétés avec une très grande justesse par les acteurs. Vous aurez noté la présence de Steve Carell. Pour certains d'entres vous il est sans doute le "héros" de "40 ans, toujours puceau" mais pour moi c'est avant tout la patron fou de la série "The Office" (personnage interprété par François Berléand dans l'adaptation française "Le Bureau"). Bref malgré la barbe, on le reconnaît et on y associe ces personnages qui collent mal avec le spécialiste de Proust suicidaire et gay qu'il incarne ici. Heureusement on finit vite par oublier ça.

Les scènes sont écrites avec finesse, elles alternent avec un bon rythme entre comédie et drame sans jamais qu'aucun ne l'emporte. D'ailleurs la mort d'un des personnages passe relativement inaperçue et je me demande si elle était bien utile sauf pour les scènes comiques (sic) qu'elle cause. La fin est peut-être un peu moins bien menée, difficile de garder un rythme impeccable tout du long. Inutile de vous raconter la morale elle paraîtrait aussi gnan-gnan que déjà-vue, mais ce n'est pas ce qui compte. Notez d'ailleurs que ce voyage n'est pas prétexte à exprimer une certaine vision/dénonciation de l'Amérique comme ç'aurait pu facilement être le cas. Cet aspect est réservé à la scène finale et est bien mené, avec humour. Pas de happy-end, le film a la courage de garde le ton de la comédie dramatique jusqu'au bout. Pas une fin à proprement parler donc, le film est aussi mitigé et spontané que la vie réelle (et aussi peu original aussi!) et c'est ce qui fait sa force.

Publié dans Films

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N
voila une vraie comédie américaine sans stéréotype et bourrée de tendresse. on ne s'ennuit pas , il n'ya aucun moment ennuyant mais au contraire plus l'histoire avance plus on est touché ému et gai! la chorégraphie finale de la gosse réaliseé par le grand père est très perspicace! bravo
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