Queens of the Stone Age - Lullabies to Paralyze

Publié le par Simon

2005
Interscope Records

lullabies.jpgJusqu'ici je n'ai parlé que de groupes splittés depuis 10 ans ou morts depuis 30, éventuellement quelques survivants mais rien de très actuel. Pour compenser, voici un groupe encore actif... profitons en, ça pourrait ne pas durer malheureusement. Je n'ai toutefois pas très envie de parler du dernier album de Queens of the Stone Age, Era Vulgaris, qui annonce à mon avis le début de la fin pour les Queens. Je préfère donc revenir à froid sur l'album précédent, qui a été traité assez injustement par les critiques. Car le problème des critiques, c'est qu'elles sont rédigées sur le vif, or il y a certains albums qui, comme le bon vin, nécessitent un certain temps avant d'être pleinement appréciés. La première réaction a donc été assez mauvaise, et c'était assez prévisible. En effet le problème quand on accouche d'un disque parfait, c'est qu'il est très difficile d'y donner suite. Et Songs For The Deaf était un disque virtuellement parfait. Par forcément leur meilleur, en tous cas pas mon préféré, mais parfait c'est indéniable. Un album assez groovey pour plaire à tous le monde, depuis le pointilleux amateur de rock indie jusqu'au badaud moyen branché sur une station rock quelquonque, c'est assez rare pour être remarqué. Mais voilà quand on sort un chef d'oeuvre, mieux vaut assurer sa reception derrière. Alors forcément Lullabies pâlit un peu en comparaison. C'était même le moins bon album des Queens (mais tout ça c'était avant Era Vulgaris) et pourtant c'est loin d'être un mauvais album.

Il prend un peu l'auditeur par surprise la première fois... rien que l'intro, cette ballade intimiste murmurée par la chaude voix de Mark Lanegan; on est au antipodes de "Millionaire" qui ouvrait l'album précédent! La surprise vient du fait qu'il s'agit d'un album de pop, à peu de chose près. Pourtant si cette aspect vous surprend, c'est que vous n'avez pas bien ouvert les oreilles sur les précédents albums. Dès le premier album, Josh Homme a posé la différence entre Kyuss et les Queens, car ces derniers sont définitivement un groupe de pop. Sauf que pour la première fois, Josh ne masque plus cette sensiblité pop sous des riffs de guitare torrides et des lignes des batterie viriles. Le son est plus intimiste que jamais, plus sombre aussi. Parfois c'est vrai, ce côté pop devient une évidence, sans grande recherche, et cela produit des morceaux fort désagréables, comme "In My Head" (récupéré des Desert Session IX & X, la première version est d'ailleurs préférable) et surtout "Little Sister", single radiophonique tellement évident que ça en devient insurportable. C'est malheureusement un des seuls morceaux de cet album qui est encore joué en live à tous les sets. Dans la même catégorie, "Burn The Witch" se démarque tout de même par son riff. Créer un riff mémorable est sans doute l'exercice le plus difficle qui soit car il n'y a aucune recette. Sauf que quand vous l'entendez, vous vous dîtes "Comment personnes n'y a pensé jusque là?". Le riff de "Burn The Witch" est un de ceux là, et ce n'est pas un hasard si Billy Gibbons (ZZ Top) est l'invité d'honneur de ce morceau, en effet c'est cette évidence géniale qui a fait tous les meilleurs albums de ZZ Top. En revanche, Josh Homme parvient au sommet de son art pop avec "Everybody Knows You Are Insane", même si la voix poussée dans ses limites lyriques ne plait pas à tout le monde...

L'album prend ensuite une tournure plus expérimentale (pistes 9 à 12), la production joue avec les sonorités pour les déformer au maximum. Ces morceaux semblent sortis d'un cauchemard où la réalité ou tout semble hideux, difforme, le son est poisseux. Enfin l'album se termine sur trois morceaux (pour la version européenne) qui transpirent la classe sans se départir de cette noirceur et de cette sensualité qui constituent le fil rouge de l'album. On se croit dans un bar encore enfumé à la fin de la nuit, spectateur solitaire d'une fin de set mélancolique (on peux toujours réver).

En définitive, si le début de l'album s'avère très inégal et empreint d'une trop grande évidence pop-rock, cela ne doit pas vous empêcher de continuer à écouter, car le final en vaut largement la peine. Et surtout, contrairement à d'autres albums des Queens, c'est un album qui prend du temps pour être correctement apprécié, ce qui est plutôt un gage de qualité et de longévité.

Publié dans Albums

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K
salut, c'est sympa ici !!!je partage tout à fait ta vision de ce disque. song for the deaf est mon disque préféré, et donc lullabies qui avait la lourde tache de lui succéder fut vite jeté aux oubliettes. pour n'en sortir que cette année, dès l'intro par lannegan je me suis dis que j'étais passé à coté de qque chose ...
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S
Salut!J'avais accroché à Lullabies dès le début, il faut dire que j'ai des tendances groupie quand il s'agit de Josh Homme. Cependant j'espère que je pourrais ressortir Era Vulgaris dans quelques mois pour y découvrir un chef-d'oeuvre. Pour l'instant je ne l'écoute quasiment pas, et pourtant je sais qu'il mériterait un peu plus de considération.