The Beatles - Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band
1967
Parlophone
Incroyable, il semblerait désormais que je ne sois pas le seul à me lire! Maintenant que j'ai un peu d'audience, je peux enfin commettre un sacrilège. Car après tout, quel est l'intérêt de commettre un crime si personne ne s'en offusque? Et question sacrilège, autant y aller franchement. Autant c'est facile de dire du mal de Queen, autant personne n'ose critiquer les Beatles, ces gentils garçons de Liverpool. Pourtant ça fait maintenant 40 ans qu'on nous bassine avec ce fameux Orchestre du Club des Coeurs Solitaire du Sergent Poivre. Cet album au nom plus qu'improbable nous nargue du sommet des classements des discothèques idéales concoctées par tout ce que la planète comporte comme journalistes de Rolling Stone. Le "disque de chevet de tout producteur pop qui se respecte"... "La Bible de la pop"... J'en passe et des meilleurs. Alors j'ai sûrement dû dégoter la mauvaise remasterisation, parce que vraiment, j'ai du mal à voir le lien.
Déjà, c'est un concept-album. Ouille. On a souvent dit que le concept de l'album était un peu faible, un peu prétexte. Pourtant, avec les Fabs en costume sur la pochette, ses faux applaudissements en intro, je trouve que le principe du faux groupe est bien mis en avant. Ringo Starr se voit même crédité d'une fausse identité (Billy Shears) dans les paroles du morceau d'intro. C'est largement assez pour confirmer que Sgt Pepper's est bel et bien le premier concept-album de l'histoire. Il y a des fois où il vaut mieux s'abstenir d'innover. Aujourd'hui qui ose défendre le concept même du concept-album? (Bon il y a eu "Berlin" de Lou Reed quand même).
Ce serait un peu expéditif de s'arrêter à ce simple écueil. Pourtant dès le premier morceau éponyme, les choses semblent se gâter. On m'avais promis une production incomparable, et pourtant en tant qu'amateur de gros rock qui tâche, je trouve que le riff de guitare de ce morceau sonne vraiment mal. Le son est pour le moins maigrelet, une quasi caricature des Kinks. Ajoutez y une orchestration sans surprise et un optimisme maladif ("You're such a lovely audience, We'd like to take you home") et je commence déjà à grincer des dents. La plupart des morceaux manquent de la finesse qui caractérise le meilleur des Beatles, ces progressions d'accords délicieusement flatteuses à l'oreille. Question groove, la rythmique est plus que souvent pataude: McCartney était peut-être un grand compositeur mais comme bassiste, il repassera. Et quand on dit que c'est la découverte de l'acide qui est à l'origine du son de cet album, je ne peux m'empêcher de penser à "Lovely Rita". Une chanson entièrement consacrée à une... contractuelle! Nos gentils anglais viennent en effet d'apprendre l'expression "meter maid" d'un ami américain alors que les premiers parcmètres apparaissent en Angleterre. Inutile de s'étendre sur "Within You Without You" tellement cette chanson d'Harrison est caricaturale avec ses sonorités indiennes. La parfaite bande-son pour un touriste assoiffé de spiritualité et de fumées d'encens.
Tout n'est pas à jeter sur cet album tout de même. "She's Leaving Home" est excellente, en fait le son dépareille un peu avec le reste. Mais même ce morceau reste loin du frisson incroyable que me provoque "Eleanore Rigby" (en fait tout Sgt Pepper's sonne à mes oreilles comme une mauvaise reprise du génial Revolver). Le vrai sommet de l'album, c'est "A Day In The Life", pourtant placé après la conclusion (reprise du morceau d'intro) comme une bonus track. J'avoue que là on touche au génie absolu. En revanche, je ne peux pas classer "Lucy In The Sky With Diamonds" comme une bonne chanson. L'arrangement n'est pas mauvais mais le clavier qui ouvre le morceau défigure horriblement le tout: écoutez bien et vous entendrez les sonorités synthétiques des 80's. Même le chant ne brille pas par sa chaleur.
Qu'est-ce qui peut expliquer un tel mépris à l'égard de cet album? Je ne crois pas être particulièrement idiot ou fermé. J'arrive en général à apprécier sans forcément aimer, c'est-à-dire à percevoir le génie d'un musicien même sans réussir à rentrer dans son univers, ce qui en général me chagrine en pensant à ce que je loupe. Mais là, même avec de la bonne volonté, je n'y parviens pas. Il doit bien y avoir une explication. Si j'écarte la théorie d'un gigantesque complot... J'imagine que le problème vient justement de ce statut de Bible de la pop. A force d'avoir été pillé par tous les producteurs de pop du monde (un frisson me parcourt en pensant à cette sinistre armée), cet album a été vidé de sa substance. On me parle d'innovations musicales incroyables, et j'entend des gimmicks éculés. Certaines des inventions de cet album ont été reprises et améliorées, tandis que d'autres, plus nombreuses, ont été caricaturées, massacrées. C'est à dire que les Beatles n'ont pas influencé que des gens très recommandables. Et quand je remonte à la source, au lieu de découvrir le message originel, la pierre de Rosette de la musique moderne, je ne trouve qu'un disque qui éveille en moi de bien vilaines associations. Le problème serait donc générationnel. Sauf que des gens pas beaucoup plus âgés que moi peuvent l'adorer. Enfin, tout n'est pas encore perdu, je suis encore jeune et peut-être que dans quelques années j'aurais honte d'avoir écrit cet article!
Parlophone
Incroyable, il semblerait désormais que je ne sois pas le seul à me lire! Maintenant que j'ai un peu d'audience, je peux enfin commettre un sacrilège. Car après tout, quel est l'intérêt de commettre un crime si personne ne s'en offusque? Et question sacrilège, autant y aller franchement. Autant c'est facile de dire du mal de Queen, autant personne n'ose critiquer les Beatles, ces gentils garçons de Liverpool. Pourtant ça fait maintenant 40 ans qu'on nous bassine avec ce fameux Orchestre du Club des Coeurs Solitaire du Sergent Poivre. Cet album au nom plus qu'improbable nous nargue du sommet des classements des discothèques idéales concoctées par tout ce que la planète comporte comme journalistes de Rolling Stone. Le "disque de chevet de tout producteur pop qui se respecte"... "La Bible de la pop"... J'en passe et des meilleurs. Alors j'ai sûrement dû dégoter la mauvaise remasterisation, parce que vraiment, j'ai du mal à voir le lien.
Déjà, c'est un concept-album. Ouille. On a souvent dit que le concept de l'album était un peu faible, un peu prétexte. Pourtant, avec les Fabs en costume sur la pochette, ses faux applaudissements en intro, je trouve que le principe du faux groupe est bien mis en avant. Ringo Starr se voit même crédité d'une fausse identité (Billy Shears) dans les paroles du morceau d'intro. C'est largement assez pour confirmer que Sgt Pepper's est bel et bien le premier concept-album de l'histoire. Il y a des fois où il vaut mieux s'abstenir d'innover. Aujourd'hui qui ose défendre le concept même du concept-album? (Bon il y a eu "Berlin" de Lou Reed quand même).
Ce serait un peu expéditif de s'arrêter à ce simple écueil. Pourtant dès le premier morceau éponyme, les choses semblent se gâter. On m'avais promis une production incomparable, et pourtant en tant qu'amateur de gros rock qui tâche, je trouve que le riff de guitare de ce morceau sonne vraiment mal. Le son est pour le moins maigrelet, une quasi caricature des Kinks. Ajoutez y une orchestration sans surprise et un optimisme maladif ("You're such a lovely audience, We'd like to take you home") et je commence déjà à grincer des dents. La plupart des morceaux manquent de la finesse qui caractérise le meilleur des Beatles, ces progressions d'accords délicieusement flatteuses à l'oreille. Question groove, la rythmique est plus que souvent pataude: McCartney était peut-être un grand compositeur mais comme bassiste, il repassera. Et quand on dit que c'est la découverte de l'acide qui est à l'origine du son de cet album, je ne peux m'empêcher de penser à "Lovely Rita". Une chanson entièrement consacrée à une... contractuelle! Nos gentils anglais viennent en effet d'apprendre l'expression "meter maid" d'un ami américain alors que les premiers parcmètres apparaissent en Angleterre. Inutile de s'étendre sur "Within You Without You" tellement cette chanson d'Harrison est caricaturale avec ses sonorités indiennes. La parfaite bande-son pour un touriste assoiffé de spiritualité et de fumées d'encens.
Tout n'est pas à jeter sur cet album tout de même. "She's Leaving Home" est excellente, en fait le son dépareille un peu avec le reste. Mais même ce morceau reste loin du frisson incroyable que me provoque "Eleanore Rigby" (en fait tout Sgt Pepper's sonne à mes oreilles comme une mauvaise reprise du génial Revolver). Le vrai sommet de l'album, c'est "A Day In The Life", pourtant placé après la conclusion (reprise du morceau d'intro) comme une bonus track. J'avoue que là on touche au génie absolu. En revanche, je ne peux pas classer "Lucy In The Sky With Diamonds" comme une bonne chanson. L'arrangement n'est pas mauvais mais le clavier qui ouvre le morceau défigure horriblement le tout: écoutez bien et vous entendrez les sonorités synthétiques des 80's. Même le chant ne brille pas par sa chaleur.
Qu'est-ce qui peut expliquer un tel mépris à l'égard de cet album? Je ne crois pas être particulièrement idiot ou fermé. J'arrive en général à apprécier sans forcément aimer, c'est-à-dire à percevoir le génie d'un musicien même sans réussir à rentrer dans son univers, ce qui en général me chagrine en pensant à ce que je loupe. Mais là, même avec de la bonne volonté, je n'y parviens pas. Il doit bien y avoir une explication. Si j'écarte la théorie d'un gigantesque complot... J'imagine que le problème vient justement de ce statut de Bible de la pop. A force d'avoir été pillé par tous les producteurs de pop du monde (un frisson me parcourt en pensant à cette sinistre armée), cet album a été vidé de sa substance. On me parle d'innovations musicales incroyables, et j'entend des gimmicks éculés. Certaines des inventions de cet album ont été reprises et améliorées, tandis que d'autres, plus nombreuses, ont été caricaturées, massacrées. C'est à dire que les Beatles n'ont pas influencé que des gens très recommandables. Et quand je remonte à la source, au lieu de découvrir le message originel, la pierre de Rosette de la musique moderne, je ne trouve qu'un disque qui éveille en moi de bien vilaines associations. Le problème serait donc générationnel. Sauf que des gens pas beaucoup plus âgés que moi peuvent l'adorer. Enfin, tout n'est pas encore perdu, je suis encore jeune et peut-être que dans quelques années j'aurais honte d'avoir écrit cet article!